AGRICULTURE

Depuis plusieurs années, j’ai fait de l’agriculture une des priorités de mon travail d’élu, certain de que de son devenir dépend celui de nos territoires. Conscient des problématiques et des enjeux de la profession, je sais l’importante qu’avait le texte baptisé Egalim pour donner de belles perspectives à nos agriculteurs. Je me suis impliqué dans le travail législatif, notamment en déposant une proposition de loi que j’ai écrite sur le devenir de l’agriculture, puis au travers des états généraux de l’alimentation pendant plusieurs mois en commission puis en séance à l’Assemblée nationale. Le vote du texte Egalim est définitif , de nombreux sujets n’ont pas étés abordés, trop d’attentes restent sans réponses ! Plus d’un an de travail pour si peu d’avancées…

Lors de l’examen en commission de la nouvelle lecture du projet de loi Egalim en commission, le gouvernement et la majorité ont souhaité revenir sur l’ensemble du texte du Sénat en rétablissant, dans sa quasi-totalité, le texte adopté par l’Assemblée en première lecture : plus de 40 amendements avaient ainsi été déposés par le gouvernement pour un texte comptant 76 articles. La majorité est donc notamment revenue sur la question des indicateurs de prix : alors que les interprofessions, ou à défaut l’OFPM, établissaient et diffusaient les indicateurs de prix, cette mission est devenue une possibilité, ouvrant le champ à l’établissement d’indicateurs de prix par des tiers. De même, s’agissant des nouvelles obligations afférentes aux cantines, la commission est revenue à la rédaction de l’Assemblée en refusant d’aborder la question du financement des surcoûts. Enfin, alors que le Sénat avait supprimé l’interdiction des réaménagements des installations d’élevage de poules pondeuses en cage, la majorité et le gouvernement ont rétabli cette interdiction.

Le texte ayant perdu toute son essence, à savoir permettre un revenu décent aux agriculteurs par la reconquête du prix, et au regard des différents éléments adoptés par la commission, l’opposition souhaite voter contre. Un vote contre sera d’autant mieux compris par le monde agricole que celui-ci connait de nombreuses inquiétudes, s’agissant particulièrement de la baisse de la PAC, de la pression des charges, de la concurrence étrangère déloyale, de l’intransigeance de certaines normes non adaptées au circonstances locales, et des nouvelles obligations contenues dans ce projet de loi. Au cours des derniers mois par le dépôt d’une proposition de loi que j’ai écrite sur le devenir de notre agriculture, puis au travers les états généraux de l’alimentation et depuis plusieurs mois en commission puis en séance à l’Assemblée nationale, je me suis impliqué de mon mieux dans le travail législatif visant à redonner des perspectives à nos agriculteurs.
Plusieurs raisons sous-tendent cet engagement :
– les cris d’alerte de nos paysans qui traversent depuis des années une crise structurelle et conjoncturelle qui les fragilise toujours un peu plus,
– ma conscience de la place et du rôle essentiel de notre agriculture dans l’équilibre économique et sociétal de la France,
– l’immense mérite qu’ont les agriculteurs de France, en dépit des difficultés, à produire des aliments de qualité dans nos exploitations restées à taille humaine,
– la place et le rôle que tient et doit continuer de tenir l’agriculture dans l’aménagement de l’espace rural et la juste répartition de l’activité et des populations en France,
– mon attachement viscéral à notre agriculture, à ses spécificités, à sa soif d’avenir.

Je suis déçu par ce texte qui se trouve loin de ce qui a été promis initialement et présenté aux Français il y a quelques mois.
Je crains que les exploitants ne puissent plus faire face ; l’agriculture avait besoin d’un texte fort et ambitieux qui se concentre sur les conditions de nos paysans.

L’agriculture doit s’ancrer dans le développement de nos territoires. Les milieux naturels constituent le socle de l’agriculture, les exploitants vivent de la terre et celle-ci doit être préservée et respectée. Les pratiques des dernières décennies concernant l’utilisation massive de produits phytosanitaires ne peuvent perdurer mais il n’est pas envisageable d’arrêter brutalement l’utilisation de certaines substances sans avoir trouvé de substitut permettant aux agriculteurs de poursuivre leur activité.
Dresser les uns contre défenseurs de l’environnement et agriculteurs est dramatique ; donner à penser que le monde rural n’est pas conscient de ces enjeux est une injustice intolérable.
Au final, je crains que les Français ne gardent de ce texte qu’un souvenir : celui de la polémique sur le glyphosate. Je profite de cette occasion pour éclaircir ce point : Contrairement à ce que certains médias diffusent, aucun vote n’a porté sur la décision d’en interdire l’utilisation en 2021. Cette décision est un engagement du Président de la République. Le vote portait sur l’inscription de cette décision dans la loi française alors qu’elle relève du niveau européen. Je fais partie des députés qui ont voté contre car cette mesure n’a aucune application possible en droit français et que sa seule signification, en plus d’être inutile, serait que la France cède toujours à la tentation de toujours plus légiférer – de surtransposer – par rapport à tout le reste de l’Europe, avec pour effet immédiat de faire perdre toute compétitivité à notre économie vis à vis de nos voisins qui eux s’en tiennent aux règles communautaires. La volonté manifestement polémique de certains fausse le débat et les positions.
L’engagement de stopper l’utilisation du glyphosate en 2021 s’assortit d’un accompagnement à la recherche de pratiques culturales alternatives. Si écho législatif il y a, j’en serai partie prenante. La vraie gageure, c’est de s’assurer, au moment où le glyphosate sera interdit pour les cultures en France, qu’aucun autre pays dont nous importons les productions, ne continuera à l’utiliser, afin de garantir à nos consommateurs que cette substance est vraiment absente de leur alimentation. Voter une disposition inapplicable qui fait croire qu’on a réglé cette question alors qu’il n’en est rien est une supercherie à laquelle j’ai clairement fait le choix de ne pas prendre part.

Je préfère qu’on retienne – même si c’est une bien maigre avancée, – le fait que les spécificités de l’agriculture de montagne sont (enfin) reconnues par le gouvernement…