SIA 2018 et la loi EGALIM

Semaine intense pour l’Aveyron au Salon International de l’Agriculture.
De nombreux échanges sur les stands avec tous les acteurs aveyronnais.
De superbes moments passés avec tous ces passionnés d’Aveyron et du travail bien fait. 😉
Malgré tout, je lance un message de soutien, d’espoir et de combativité.
Un mois et demi plus tard, c’est une semaine intense que je viens de passer à l’assemblée pour défendre mes convictions sur la loi EGALIM.

#EGalim, qu’est-ce que c’est ?
Et si on donnait à notre agriculture française l’espoir d’une vision politique d’avenir…
Le projet de loi EGALIM, issu des états généraux de l’alimentation, vient de passer sa première série d’épreuves à l’Assemblée nationale, d’abord en commission du développement durables, qui s’est saisie de son titre 2 et a d’ailleurs considérablement amendé le texte du gouvernement, puis en commission des affaires économiques où des débats nourris ont mobilisé les députés tout au long de la semaine qui vient de s’écouler. Le texte sera en discussion dans l’hémicycle aux alentours du 20 mai avant de passer aux mains des sénateurs ; il n’y aura qu’une seule lecture puisque le projet de loi fait l’objet d’une procédure accélérée et contient de nombreuses habilitations à légiférer par ordonnance.

Son contenu – axé pour sa première partie sur la rémunération des produits, se concentre ensuite sur la question de la restauration collective avant de s’appesantir sur les notions de qualité alimentaire et de méthodes de production. Les concertations très larges qui ont eu lieu pendant les six mois qu’ont duré les États Généraux de l’Alimentation donnent à ce texte tout à la fois une caution de la profession, des différents maillons de la chaîne qui relie le producteur au consommateur final, et aussi des experts qui y ont pris part. Cette consultation oblige aussi le gouvernement qui doit obtenir des résultats concrets et rapides pour que l’agriculture française retrouve espoir et aussi ses lettres de noblesse.

A y regarder de plus près, c’est sur les constats que le consensus est le plus large ; la ferme France souffre depuis plusieurs années d’une crise qui est à la fois conjoncturelle (liée à des événements climatiques, à des chutes de cours…) que structurelle (environnement européen et mondial mouvants, trop fortes contraintes sur nos exploitations, mutations profondes du modèle agricole ancestral qui façonne nos paysages). Ces constats confinent à une question simple : veut-on privilégier en France une vision post-moderne d’une agriculture ayant pour seules fonctions l’entretien de l’espace et le divertissement de citoyens épuisés par la vie moderne de cités énormes où alors croit-on encore en une agriculture vivrière, innovante, capable de succès économiques et garante d’une juste répartition de la population sur notre sol national ? La réponse pour nous est claire : c’est bien en rendant à nos paysans leur statut de chefs d’entreprises qu’on réussira le pari de l’avenir.
Alors pour en revenir au projet de loi du gouvernement, il est tout à la fois opportun dans son existence-même et ses axes, mais terriblement décevant par son manque d’envergure :
* Tout en abordant la question de la rémunération des produits, il ne va pas au bout d’une logique de recréation de richesse et ne donne pas aux filières l’entière capacité à contraindre les distributeurs à une juste valorisation. Avoir cette ambition, c’est oser aller au bout d’une démarche de déconcentration de la grande distribution française.
* Tout en prônant une meilleure place pour le bien manger dans le fonctionnement de notre société, à partir de ses prescripteurs publics, le projet de loi n’est pas assez ambitieux, notamment parce qu’il ne traite pas de l’allègement des normes, contraintes réglementaires de toutes sortes, et lourdeurs administratives qui lestent inutilement les coûts de production des agriculteurs français et les mettent en situation de compétitivité défavorable vis-à-vis de leurs concurrents,
* Tout en affichant plaçant au cœur de sa rédaction les notions indispensables de qualité environnementale et sanitaire des produits ‘à la française’, le texte n’aborde aucunement les questions fiscales et le statut du foncier, qui, pourtant, sont plus que jamais des enjeux majeurs.
* Enfin, notre pays est marqué par une réalité aussi évidente que terriblement fragile : la répartition de notre population est restée relativement homogène et la ruralité vit encore, avec de très forts dynamiques qui s’expriment dans nos villages et nos campagnes et qui ne demandent qu’à perdurer. Cependant, elles ne pourront le faire que s’il y a encore demain des agriculteurs, pivots de la vie rurale et qui conditionnent le maintien des aménités essentielles à la vie moderne. Ne pas traiter de la question centrale de la transmission des exploitations entre générations revient à ne pas regarder cet avenir-là en face.
Il nous reste encore quelques semaines pour enrichir cette proposition et donner à la ferme France toutes les chances de réussir.

Nous le ferons avec passion et conviction. Nous le ferons aussi avec notre foi de députés ‘ruraux’, empreints de bon sens, et d’optimisme.