Hier matin à l’ouverture du Salon de l’Agriculture et lors de la traditionnelle visite inaugurale du Chef de l’Etat, l’inévitable n’a pas été évité.
- L’inquiétude terrible qui ronge les agriculteurs depuis des mois, qui s’est exprimé partout dans nos campagnes, et dans les innombrables manifestations organisées dans la France entière a explosé ; elle a atteint son paroxysme devant le Président de la République qui l’avait jusque-là observée depuis les fenêtres de l’Elysée.
- La peur sourde du lendemain, qu’on lit sur les visages de ces agriculteurs exténués, qui, en plus de leur travail, ont donné de leur temps pour aller ensemble dans la rue crier leur désespoir et lancer un appel de détresse a eu raison de leur désir de montrer leurs savoir-faire à la France et au monde lors du SIA, et les ont conduits à interpeller vivement la plus haute autorité politique de l’Etat français.
- Derrière nos paysans, le monde rural tout entier frissonne face à cette crise qui le frappe et le fragilise, et tout en regrettant le dérapage de ce matin, ne peut que le comprendre et en être solidaire, viscéralement.
Pourquoi en arriver là ?
Pourquoi le pouvoir politique a-t-il choisi de minimiser ce désarroi au point de susciter de telles réactions, dont on sait bien qu’elles ne sont pas du tout dans les gênes des agriculteurs ?
Pourquoi le ministre le Foll s’est-il drapé dans des convictions surannées en restant imperméable à tous les signaux d’alarme qui lui ont été adressés inlassablement au cours des dernières semaines par les responsables agricoles, les élus locaux, beaucoup de parlementaires ?
Pourquoi le gouvernement dans son ensemble ne comprend pas que cette crise exige bien plus que des mesures administratives très difficile à appliquer et dont les effets – s’il y en a – ne se feront sentir qu’au mieux dans plusieurs mois.
Pourquoi le Président de la République a pensé possible de mener sa visite de cette année au Salon de l’Agriculture comme si de rien n’était ?
Aujourd’hui, je partage la colère du monde agricole :
- parce que je le connais et que je sais qu’elle n’est pas feinte, pas exagérée et qu’elle témoigne de la gravité de la situation dans beaucoup de fermes,
- parce que j’ai vécu ces longues heures d’échanges impossibles à l’Assemblée nationale avec ce ministre qui ne veut rien entendre, qui prétend avoir tout fait, et qui, surtout, nie la dimension économique de l’agriculture pour ne lui laisser qu’une vertu agro-environnementale,
- parce que je suis abattu de voir aujourd’hui le monde paysan, mon monde, en proie à la désillusion et à la conviction absolue que la sphère politique ne le comprend pas, ne l’entend pas, ne l’aide pas.
Malgré tout, je lance un message de soutien, d’espoir, de combativité :
- il faut continuer à se battre, parce que notre agriculture en vaut la peine, que des perspectives doivent être trouvées
- la prise de conscience des verrous à lever est en train de se faire ; elle va progresser,
- la France d’aujourd’hui doit miser sur nos territoires, sur notre agriculture, sur nos savoir-faire,
- les difficultés rencontrées sont aussi celles des autres secteurs d’activité et les Français comprennent le cri d’alarme,
Je recevrai dès demain matin une délégation d’agriculteurs auxquels je veux dire que je les comprends et a qui je ferai part de ma disponibilité et avec lesquels j’échangerai sur les travaux auxquels je participe le plus activement possible, à l’Assemblée nationale, dans ma famille politique, et à Bruxelles la semaine dernière.